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Conférence

Pratiques funéraires et structure familiale : de l’apport des données isotopiques et génétiques

A l'occasion d'une séance du GERM, Hemmamuthé Goudiaby et Julien Hiquet, postdoctorants ArchAm en archéologie maya, exposeront leurs recherches.

Accès libre.

De 2014 à 2016, des fouilles intensives ont été menées dans l’unité résidentielle 5N6 de Naachtun, avec pour objectif la mise en évidence de la séquence des inhumations et de la relation de cette dernière avec l’évolution des lieux. Les fouilles ont montré l’étroite association entre la mise en place des sépultures et les transformations de l’habitat, offrant ainsi un cadre d’étude particulièrement bien délimité chronologiquement. La combinaison des données stratigraphiques et des datations radiocarbone nous permet aujourd’hui de raconter une histoire certes lacunaire, mais sans doute assez exacte, de l’évolution de cette unité.

Afin d’exploiter au maximum ce contexte, au fur et à mesure des dernières années, une série d’analyses complémentaires a été effectuée. Celles-ci concernent cette fois l’histoire individuelle des occupants des différentes sépultures. Un premier ensemble d’études sur les isotopes stables a tenté d’établir la présence éventuelle de personnes étrangères à la région de Naachtun au sein de l’échantillon.

La seconde série de tests concerne les éventuels liens de parenté au sein de cet ensemble clos. En effet, bon nombre de théories existent au sujet de la structure familiale des anciens mayas. Ces modèles font la part belle à la résidence virilocale et à la prédominance des fratries de sujets masculins en tant que fondateurs et héritiers. Les récentes avancées dans l’extraction de l’ADN ancien nous permettent aujourd’hui non seulement de déterminer avec certitude le sexe des sujets inhumés, mais aussi d’interroger les distances génétiques entre eux. Les résultats obtenus dans l’unité 5N6 sont, à cet égard, plus qu’encourageants. Ils remettent considérablement en perspective les modèles établis précédemment.

En 2022, de nouvelles fouilles ont été entamées dans une unité résidentielle plus distante et plus imposante. Si les objectifs demeurent les mêmes, les résultats peuvent s’avérer très différents, car la configuration des lieux est tout autre. La première campagne de fouilles montre déjà un potentiel considérable pour l’enrichissement des connaissances sur le système funéraire résidentiel d’époque Classique : sépultures simultanées, revisitées, voire vidées font partie des pratiques identifiées durant ces premiers travaux.