Rencontre avec Pauline Blistène, créatrice du podcast “Espion, une vie sous légende”

Créatrice du podcast Espion, une vie sous légende, Pauline Blistène a eu la chance d’entrevoir le monde très secret de la DGSE (direction générale de la Sécurité extérieure) en rédigeant dans un premier temps une thèse sur le thème de la fiction d’espionnage et des liens entre monde du divertissement et professionnels du renseignement. Fascinée par cet univers fermé, c’est en lien avec l’équipe de la série Le bureau des légendes que le podcast a vu le jour. Espion, une vie sous légende offre un point de vue unique sur la sphère clandestine de l’État à partir d’interviews de ceux qui ont créé et incarné la série et d’experts du renseignement. Entre immersions dans la psyché des hommes de l’ombre et plongée dans le monde du secret, ces cinq épisodes reviennent sur l’origine de la série, les thèmes qui l’ont traversée, et explorent les multiples formes de la clandestinité contemporaine, explique Pauline Blistène.

Plongée au cœur de l’univers de l’espionnage

Destinée au métier de journaliste, Pauline Blistène a commencé son parcours académique en intégrant Sciences Po Lille, puis en faisant un master de politique internationale à l’université de Londres, pour travailler ensuite chez France Culture : Au terme de ce travail chez France Culture, j’ai eu envie d’aller plus loin. Le fait d’être au contact de la recherche comme on peut l’être quand on travaille une radio comme France Culture, ça a réveillé cette envie de faire de la recherche dans le cadre d’une thèse et de reprendre une question qui m’habitait depuis 2013 ; celle de la question des rapports entre fiction et réalité dans le monde de l’espionnage. C’est la sortie du film Zero Dark Thirty qui la convaincra d’initier  sa thèse en 2014.

Aux côtés de Sandra Laugier, professeure en philosophie et porteuse du projet DEMOSERIES, Pauline lance son sujet de thèse.J’ai rencontré Sandra Laugier en 2014. Je lui ai proposé mon idée qui était encore, comme tout sujet de thèse, à la fois trop vaste et ambitieuse. Originellement axées sur l’espionnage américain, et notamment la collaboration entre la CIA et Hollywood, les recherches de Pauline Blistène bénéficient d’un souffle nouveau avec la sortie du Bureau des légendes en 2015. Avec la sortie de cette série, je me suis dit qu’il se passait quelque chose d’important en France et que j’étais dans une position assez inédite pour pouvoir l’observer. J’ai proposé à Sandra de ré-angler la thèse puis de faire une comparaison France-États-Unis, et c’est comme ça que je me suis retrouvée à faire très vite des entretiens avec l’équipe du Bureau des légendes en ma qualité de chercheuse.

De la fiction au réel

Pour ce projet, une réelle liberté a été accordée à Pauline Blistène. Cela lui a permis d’utiliser la fiction comme point d’entrée, pour pouvoir ensuite donner la parole à des spécialistes tels que des enseignants-chercheurs et ainsi créer un passage fluide de la fiction au réel. L’enjeu résidait dans le fait de ne pas tomber dans le divertissement, parce que ce n’était pas du tout l’ambition du podcast, d’autant  que le ton de la série ne joue pas du tout sur un registre à la James Bond, rappelle-t-elle.

La chercheuse résume ainsi ses questionnements : Je pense qu’en faisant mes études, je me suis rendue compte qu’il y avait tout un côté de la chose publique qui nous échappait et qui n’était justement pas publique. C’était secret, et c’est cette tension qui m’a toujours intriguée… Comment se fait-il que, dans des régimes démocratiques qui sont a priori basés sur un principe de transparence et de publicité, il y ait tout un espace qui demeure totalement secret et inaccessible ?. Pour tenter de répondre à cette question ou du moins de l'éclairer à travers les yeux des espions, découvrez le podcast,  proposé par Pauline et son équipe, sur le site de Canal + et diverses plateformes.

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