Pascal Lévy
Évènement

Concours d’éloquence : la compétition s’accélère

À l’issue d’une demi-finale de grande qualité, les huit finalistes du Concours international d’éloquence 2022 de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sont connus. Ils se feront face lors de l’épreuve finale, sous la coupole du Panthéon, le 19 mai prochain, en présence de la marraine de l’évènement, la comédienne Dominique Blanc.

Le 22 avril dernier, les 16 demi-finalistes du Concours international d’éloquence se sont affrontés en plaidant sur les thèmes de l’honneur et du rire, sous l'œil aiguisé d’un jury exigeant. Pendant plus de deux heures, chacune et chacun des candidats a tenté de démontrer sa maîtrise de l’art oratoire et d’embarquer le jury en travaillant sa gestuelle, en utilisant des figures littéraires et en mettant en valeur un argumentaire construit au détail près.

Avec plus de 5 000 spectateurs sur la chaîne YouTube de l’université, le public était au rendez-vous pour soutenir les jeunes oratrices et orateurs. Un véritable succès pour ce concours qui existe depuis quatre ans désormais et qui constitue l’un des rendez-vous immanquables de la vie universitaire. François Chausson, président du jury et vice-président chargé de la Culture et du Rayonnement scientifique ainsi que du lien Science-Société, a rappelé l’importance de cet évènement, particulièrement dans le contexte que nous vivons : « Contre vents et marées, cette année encore, grâce à nos partenaires et associations, cette fête de la parole et de la jeunesse peut avoir lieu. C’est plus que nécessaire. […] Il y a le mot qui tue, le mot qui ébranle et fait changer une conviction, il y a le mot qui sauve et apporte de la joie, il y a le mot qui réconforte, le mot qui change une vie car une bonne phrase a été prononcée au bon moment. La parole vivifie. Elle a souvent constitué le seul lien qui a maintenu le tissu social des deux dernières années. »

Voir et entendre de la beauté

La sélection aura été difficile pour le jury. « Vous avez, toutes et tous, du talent et avez contribué à la grande qualité de cette demi-finale », a indiqué François Chausson en conclusion de cette soirée. Dominik Abbas, gagnant de l’édition 2021 du Concours international d’éloquence et membre du jury a lui aussi salué la qualité des prestations : « Ce soir j’ai vu et entendu de la beauté. Félicitations à toutes et à tous. Vous avez osé vous avancer et parler, j’espère que vous avez pu profiter de ce moment. »

David Allali, Kurt Amouzou, Amélie Cassagne, Elvire Da Cruz, Adrià Solà Pastor, Pénélope Tarnaud, Amévi Valérie Tete et Malo Vantilcke défendront donc leur place en finale dans le décor majestueux du Panthéon. « Un rêve » ou encore « un moment incroyable » qui se profile pour ces huit finalistes à la fois heureux et angoissés à l’idée de plaider dans un lieu aussi prestigieux.

Voter pour votre oratrice ou votre orateur préféré(e) et tenter de lui faire décrocher le Prix du public
Vivre ou revivre la demi-finale
► En savoir plus sur le Concours international d’éloquence

Rencontre avec Dominik Abbas, grand gagnant de l’édition 2021 du Concours international d’éloquence

Vainqueur de la dernière édition du Concours international d’éloquence, Dominik Abbas était membre du jury de la demi-finale de cette année. Il livre aux huit finalistes ses conseils et réflexions à propos du concours.

L’an dernier, une fois la demi-finale passée, comment vous êtes-vous préparé en prévision de la finale ?

D’abord on apprend qu’on est sélectionné, c’est un moment de joie intense et de bonheur. Puis on se repose, car la demi-finale est un moment éprouvant. Enfin, on reçoit le sujet : on peut le trouver super ou nul, mais un bon sujet est un sujet qu’on n’aurait pas voulu traiter car il pousse à la réflexion et à se dépasser. 

Pendant quelques semaines, j’ai réfléchi, j’ai essayé d’écrire, mais ce n’était pas bon. Trois jours avant la finale, alors que j’étais en vacances avec des amis dans le Sud, je me suis rendu compte que l’art oratoire ce n’était pas qu’une technique mais une capacité à transmettre de l’émotion. Je devais écrire sur le bonheur et j’ai compris que le bonheur c’était ce que je vivais à ce moment-là avec mes amis. À partir de cet instant, tout s’est débloqué…  

Quels conseils donneriez-vous aux candidats finalistes ?

Il ne faut pas s’en faire ! D’abord parce que le Panthéon est un des plus beaux endroits au monde pour plaider. Il est chargé d’une histoire rhétorique, politique et oratoire incroyable. Il faut profiter de ce moment. Ensuite, il est impossible de départager les candidats sur la base de leurs compétences techniques. Ce qui va faire la différence, c’est la façon dont, à partir de leur histoire, à partir de ce qui les nourrit, leurs racines, leurs cultures, tout ce qu’ils ont construit en tant qu’êtres humains, ils vont réussir à créer quelque chose d’unique.

Qu’est-ce que le Concours international d’éloquence de Paris 1 Panthéon-Sorbonne a changé pour vous ?

Cela m’a ouvert énormément d’opportunités et j’ai fait de nombreuses rencontres. J’ai été invité à plusieurs concours d’éloquence et c’est un vrai plaisir d’aller rencontrer d’autres orateurs et de voyager. Je vais d’ailleurs à Fribourg cet été pour être jury dans un concours d’un lycée franco-allemand. Professionnellement, c’est un avantage certain. J’ai rencontré des personnes formidables l’an dernier. Le chemin parcouru avec les huit précédents finalistes est finalement le plus important.

Plus largement, qu’apporte ce concours ?

Selon moi, ce concours est essentiel pour la démocratie. La république est construite sur l’idée de démocratie. Les citoyens doivent pouvoir prendre part au débat public et donner leur avis. C’est la confrontation et le débat d'idées qui font la démocratie. Cette capacité à s’exprimer, à comprendre le débat d’idées et analyser la façon dont sont construits les discours… C’est exactement ce qu’on fait ici dans le cadre de ce concours et nous pouvons en être fiers.

En quoi était-il important pour vous d’être présent cette année pour cette nouvelle édition du concours ?

D’abord pour continuer l’aventure. Et pour toutes les raisons citées : pour l’enjeu démocratique et parce que nous avons d’excellents orateurs à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. On ne laisse plus assez place à la beauté des choses dans ce monde où nous sommes chamboulés par les mauvaises nouvelles. Or, l’usage des mots c’est la création de la beauté et cela vaut le coup !