Message de Thomas Clay - 24 novembre 2020

Thomas Clay, administrateur provisoire de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Chères étudiantes, chers étudiants,
Chères et chers collègues,

Il est 9 h 30 ce 24 novembre et nos bureaux de vote virtuels viennent d’ouvrir. C’est le premier jour de l’élection, qui en compte trois, et c’est un grand moment pour notre université. Depuis aujourd’hui à 0 h 00 la campagne électorale est terminée et ainsi s’achève la première partie du processus de confrontation des idées et des projets, de dialogue et de débats. Campagne exceptionnelle cette année par sa durée, après le report du printemps, par le contexte dans lequel il se déroule, et par la forme électronique du vote. La démocratie universitaire étant un bien précieux, nous devons à la fois démontrer qu’elle fonctionne et montrer que nous en sommes à la hauteur. Chacun d’entre nous, étudiants, personnels, est, dans un même mouvement, appelé à voter pour à la fois permettre la bonne représentation de notre communauté et élire notre prochaine gouvernance dans nos conseils centraux où se dessine et se joue l’avenir de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il serait donc insensé de ne pas user de son droit de vote, surtout quand il est à portée de clic.

Élections

Ce matin donc, nous commençons à désigner nos représentants dans les instances centrales et notamment au conseil d’administration. Le dépouillement aura lieu dès la fin du vote, ce jeudi à partir de 17 h 30 et sera retransmis en direct sur Panopto afin que la transparence soit totale.

Dans un second temps, c’est ce même conseil d’administration qui aura la lourde responsabilité d’élire la prochaine présidente de l’université. Deux collègues ont déposé leur candidature à cette fonction, et le calendrier électoral ne permet plus qu’il y en ait d’autres : Soraya Messaï-Bahri et Christine Neau-Leduc. Je remettrai donc les clés de l’université à celle qui recueillera la majorité absolue des voix lors de l’élection qui aura lieu au cours de la réunion du conseil d’administration du 17 décembre.

Mais ça, ce sera le 17 décembre, et nous ne sommes que le 24 novembre, soit à près de quatre semaines de la transmission des pouvoirs. C’est la raison pour laquelle j’entends faire de la période qui nous sépare de la fin de mon mandat un temps utile et exercer ma mission jusqu’à la dernière minute. Il y a encore de nombreuses choses à faire, même si certaines ont été accomplies depuis mon dernier message sur lesquelles je tiens à revenir.

Ainsi, par exemple, nous avons terminé hier les dialogues de gestion avec les composantes, les services communs et les bibliothèques, qui nous ont occupés durant le mois de novembre. Plus de vingt rencontres ont été organisées, toutes sous ma présidence, avec, à chaque fois, la direction générale des services, la direction des Ressources humaines, la direction des Affaires financières et du Budget et la cellule de pilotage qui ont fourni des instruments d’analyse très affinés et fort utiles. Ces réunions, toujours très riches, ont permis de construire une vision qui, sans être nécessairement exhaustive, est un parfait reflet de l’université, des projets qui y sont menés, des forces et des faiblesses de chaque structure, ainsi que de constater l’existence des situations très variées qui coexistent. Je dispose désormais d’une radiographie particulièrement précise pour mesurer exactement ce qu’est notre grande et belle université. C’est aussi dans ces dialogues de gestion que se construisent la campagne d’emplois et le budget 2021, lesquels seront présentés aux instances compétentes dans les jours qui viennent.

Prochaines instances

Dès après-demain, un conseil d’administration se réunira pour se prononcer sur plusieurs initiatives élaborées ces dernières semaines. Lui sera ainsi soumise l’installation d’un comité d’éthique, à l’ambition ample, couvrant à la fois l’éthique, la déontologie et l’intégrité scientifique. Présenté à la commission des statuts, ce comité éthique sera composé de 15 à 20 membres et présidé par une personnalité connue pour sa hauteur de vue et sa sagesse. Il pourra bien sûr s’autosaisir en cas de manquements constatés ou être saisi, notamment par la présidence, à chaque fois qu’une question éthique surgit, telles celles auxquelles nous avons pu être confrontés cet automne.

De même, le conseil d’administration aura à se prononcer, à la suite de la Commission de la recherche qui l’a déjà validé, sur la création dans notre université d’un comité consultatif scientifique sur le périmètre de la section CNU 71 « Information et communication ». Cette discipline, qui s’est transformée au cours des années pour se tourner désormais vers le numérique, est évidemment au cœur des préoccupations actuelles, notamment pédagogiques. Une dizaine d’enseignant-chercheurs de Paris 1, éparpillés dans différentes composantes, sont déjà qualifiés dans cette section. Il manquait une maison pour les accueillir. Ce sera donc ce nouveau comité consultatif scientifique.

Sera encore soumise au conseil d’administration la modification du plafond des heures complémentaires dans le double objectif, d’une part, de fixation d’une règle claire et opposable et, d’autre part, de limitation de certains excès.

Enfin, le dialogue engagé depuis la rentrée étant terminé, la politique indemnitaire et de distribution des primes, définies selon les principes de justice, de transparence et d’investissement personnel, en particulier au regard de la période que nous avons traversée et que nous continuons de traverser, sera proposée au vote. La concertation menée pour parvenir à ce résultat fut riche et intense, et, en ce jour de vote où certains syndicats peuvent être prompts à s’attribuer des mérites qu’ils n’ont pas, j’atteste que les positions qui ont été arrêtées ne doivent rien à aucun syndicat en particulier.

Dernières réalisations

Parmi les réalisations de ces dernières semaines, de nature assez diverse, on pourra évoquer la réécriture de la fameuse « circulaire Kaplan » qui permettra de tenir un meilleur compte des situations particulières et des nouvelles organisations du travail afin d’y adapter les règles de l’établissement. Désormais l’université dispose d’une note de service qui précise les règles de temps et d’horaires de travail, telle qu’elle a été présentée au Comité technique du 2 novembre, et qui est désormais opposable à tous.

En parallèle, dans le droit fil des préconisations de la Cour des comptes dans son rapport de 2019, une réflexion a été engagée sur la question de l’organisation de la fonction financière de l’université. Une série de propositions est notamment à l’étude concernant l’articulation des différents acteurs au sein des composantes. Ainsi une cartographie précise des engagements financiers révèle que 184 personnels sont aujourd’hui autorisés à engager les fonds de l’université quand, pour une université comme la nôtre, le chiffre devrait davantage être d’une trentaine. Une rationalisation s’imposera à l’avenir qui permettra une montée en compétence généralisée, et réduira le risque d’erreurs.

Au titre de l’optimisation administrative, il faut également évoquer les innombrables messages envoyés à l’administration, dont trop nombreux restent encore sans réponse — ce qui suscite des tensions récurrentes et irritantes —, non pas par négligence ou indolence comme certains le croient, mais en raison de l’abondance des sollicitations. C’est la raison pour laquelle, afin de répondre à toutes les demandes dans leur ordre d’arrivée, d’améliorer leur suivi et de limiter l’engorgement, le système des tickets et des formulaires qui existent déjà pour la DSIUN sera étendue à la DRH et à la DAFB. Certes, la relation s’en trouve mécanisée et donc désincarnée, mais on gagne en efficacité et surtout, en cas d’interprétation divergente sur les causes du blocage, l’horodatage permet d’identifier les dysfonctionnements.

Une réflexion est également à l’œuvre, comme je l’avais annoncé, quant à l’organisation de la direction des Relations internationales, dont quelques missions seront décentralisées dans les composantes, en accord avec la directrice des Relations internationales, Madame Annie Soriot.

A propos de direction centrale, il faut évoquer la création jeudi dernier, après examen par le Comité technique, de la nouvelle direction des Projets et de la Prospective. Celle-ci est donc l’aboutissement de la cellule « montage de projets » qui avait été mise en œuvre en forme de préfiguration. Les premiers recrutements sont en cours et elle sera installée le 1er décembre, jour où, précisément, le cabinet conseil SIRIS Academic, spécialisé dans l’enseignement supérieur, nous remettra son rapport sur l’avenir de notre université dans le paysage de l’ESR français. Ce rapport visera ainsi à analyser le positionnement stratégique et les futurs possibles de l’université dans l’écosystème qui est le nôtre. Il sera ensuite présenté pour information au conseil d’administration du 10 décembre. Charge à la nouvelle présidente de s’en emparer et d’en faire le meilleur usage.

Il en va de même pour les délégués de promotion, installés donc vendredi 13 novembre, et déjà à l’œuvre pour faciliter la communication interne et contribuer à la cohésion de notre communauté, dont il sera difficile de se passer à l’avenir tant, dix jours après leur mise en place, leur utilité est tellement évidente qu’on se demande presque comment on a pu s’en passer jusqu’ici.

Perspectives

La confiance retrouvée dans le fonctionnement de notre université a eu notamment pour conséquence que notre établissement a été choisi la semaine dernière par le rectorat pour porter un parcours préparatoire au professorat des écoles (PPPE). Sorte de classe préparatoire aux métiers de l’enseignement, mais cette fois-ci du primaire, le PPPE offre une formation pluridisciplinaire, en trois ans. Il s'adresse à des néo-bacheliers qui poursuivront ensuite leur parcours en master MEEF (métiers de l'enseignement, de l'éducation et du professorat) — je rappelle que nous avons quatre parcours de masters MEEF dans notre université. Il s'agit d'une formation de type « hybride », à savoir que pendant les trois années, afin de se préparer à la polyvalence, les étudiants suivent la moitié de leur formation à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l'autre dans un lycée, en l'occurrence le lycée Claude Bernard. Ces parcours doivent simplement être adossés à une licence. Après étude de la situation et consultation des acteurs, et notamment de la directrice d’UFR concernée, la meilleure solution nous a semblé que cette formation soit rattachée à la licence d’arts plastiques, matière pour laquelle le lycée Claude Bernard est justement un des pôles de référence. Ce PPPE parachève en quelque sorte notre offre de formation pour tous les enseignants, allant du professeur des écoles jusqu’à la préparation à l’agrégation, à couvrir ainsi tout le spectre de la formation de nos futurs collègues, ce qui est une belle et noble ambition pédagogique.

Au sujet de la pédagogie, le rapport sur la « Pédagogie numérique » me sera remis le lundi 7 décembre par Jérôme Valluy en présence de tous les directeurs de composante. Je veux d’ores et déjà le remercier ici car il a œuvré sans relâche à la continuité de nos enseignements et à leur adaptation à la situation sanitaire. Ce rapport sera, bien sûr, immédiatement mis en ligne, à l’image de la nature même de son objet.

Quant à la captation des cours selon le dispositif « Amphis virtuels », la version 3 du logiciel sera opérationnelle cette semaine, et les cours pourront donc être reversés uniquement sur les EPI concernés. Je salue à nouveau l’excellent travail de la DSIUN à ce sujet, et, plus généralement, la stimulante implication de l’ensemble de la communauté universitaire pour rendre cette crise sanitaire la moins pénible possible, même si je n’ignore rien de la souffrance, sinon la détresse, de certains de nos étudiants de plus en plus marqués par ce reconfinement. Des dispositifs d’aide et d’accompagnement existent et il ne faut pas hésiter à y recourir.

C’est d’ailleurs pour remettre un peu de bonne humeur qu’a été créé, à l’initiative de Jérôme Valluy — encore lui ! — le « Festival des Pauses ». Ce festival vise à tirer parti du temps de pause existant pendant les intercours pour recréer du lien social entre étudiants qui sont éloignés par ces temps de confinement, alors que ce lien est indispensable, sinon vital. Ce dispositif a aussi vocation à favoriser les « apprentissages dits informels » et à donner aux cours en visioconférence une attractivité supplémentaire grâce à la convivialité prévisible et récurrente qu'offrira une telle pause artistique et/ou ludique. Ce projet original a été largement détaillé sur l’espace de discussion « forum » qui, j’en suis très heureux, est très actif et permet discussions et débats ouverts, conformément à l’ADN de notre université.

Concernant la situation sanitaire, je peux le dire maintenant avec le recul : nous avons réussi collectivement à mettre en place et tenir un protocole sanitaire plus que satisfaisant, à assurer au mieux la continuité pédagogique pour le bénéfice de nos étudiants, mais aussi, et ce n’est pas négligeable, à démontrer notre capacité à anticiper et donner de la visibilité à la communauté. Je l’avais dit au moment des décisions gouvernementales qui allaient nous frapper : l’université n’est pas un lieu de contamination massive. Cela a été prouvé par la journée de dépistage organisée au centre Pierre-Mendès-France fin octobre en lien avec la Ville de Paris et l’agence régionale de santé (ARS) : sur les 359 tests réalisés (sur les 1 000 possibles), 10 seulement se sont révélés positifs, soit un taux bien éloigné des chiffres nationaux.

Plus largement, nous continuons, mon équipe et moi, à travailler aussi à la résolution de toutes les difficultés et dysfonctionnements, petits et grands, qui sont remontés quotidiennement. Nous sommes sur le pont, avec enthousiasme, en toute transparence et sans arrière-pensée, malgré ce que certains s’épuisent à faire croire à chaque occasion au bénéfice, croient-ils, de leur campagne électorale qui en devient nauséabonde. Je dois avouer que cette manière d’attaquer sans cesse ceux qui essaient d’œuvrer au bien commun, sans autre ambition que celle-ci, restera le principal regret et la plus grande interrogation de cette administration provisoire. Cela me laisse perplexe sur la sincérité de certains discours en apparence volontaristes et appelant à l’unité, alors que ces attitudes devraient disqualifier définitivement pour toute fonction collective de représentation ceux qui s’y fourvoient. On se réconfortera en pensant qu’il vaut mieux que les masques tombent avant l’élection qu’après, surtout quand on aspire à diriger les conseils centraux tout en répandant rumeurs et calomnies.

Je ne saurais conclure ce message, à moins d’un mois du terme de mon administration provisoire, sans remercier et rendre hommage à l’équipe du cabinet qui m’entoure et avec laquelle j’ai le plaisir de travailler depuis le mois de septembre, et même en réalité depuis le mois de juillet. Notre université a la chance de compter en son sein des personnes de très grande qualité, douées d’un sens profond de l’intérêt général, et disons-le d’abnégation parfois. Je suis fier de les avoir à mes côtés pour mener mon action. Une administration provisoire est par définition une période particulière reposant sur la motivation et l’ambition au service du collectif, avec même une prise de risques pour ceux qui m’entourent. La charge de travail est concentrée sur un tout petit nombre d’acteurs qui ne comptent ni leur énergie, ni leur temps, ni leur peine et qui ne se sont pas beaucoup reposés depuis des mois. Certains ont même assumé plusieurs fonctions simultanément. Sans eux, de nombreuses réalisations n’auraient pu être menées à bien. J’espère que chacun saura, comme moi, le reconnaître le moment venu.

Je souhaite à chacun d’entre vous de belles journées électorales.