Message de Thomas Clay - 12 octobre 2020

Thomas Clay, administrateur provisoire de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Chères et chers étudiants,

Depuis le début de mon administration provisoire, je souhaite agir dans la transparence à l’égard de notre communauté. Ce troisième message, le premier depuis la véritable rentrée, est ainsi de nouveau pour moi l’occasion de vous rendre compte de mon action et de l’avancement des chantiers annoncés dans ma feuille de route.

Le mandat qui m’a été confié par les autorités de tutelle est court et la tâche immense. Le mois de septembre était celui de ma prise de fonction, de l’organisation de l’administration provisoire, de la rencontre des acteurs et des élus, et de la rentrée si particulière dans ce contexte de crise sanitaire évolutive. Le mois d’octobre est celui de l’approfondissement des chantiers lancés depuis mon entrée en fonction, et pour certains déjà avancés ou achevés.

Retour sur la rentrée et l’organisation des enseignements

Malgré toutes les difficultés rencontrées, la rentrée s’est déroulée du mieux qu’il était possible, me semble-t-il, même si, çà et là, il y a eu des obstacles plus compliqués à surmonter. Le choix ambitieux du « tout présentiel », même s’il n’a duré que quelques semaines, a été, j’en suis certain, bénéfique à nombre d’étudiants et d’enseignants, et a permis à la communauté universitaire de se retrouver après une trop longue période de séparation. Ce choix s’est fait sans transiger sur la sécurité sanitaire qui est restée une préoccupation constante et qui a été respectée par tous.

Comme annoncé lors de toutes les réunions de mon début de mandat, nous pouvions craindre deux évolutions qui nous obligeraient à tendre vers un régime plus strict : le développement d’un foyer épidémique (« cluster ») au sein de l’établissement, ou une dégradation de la situation sanitaire à l’échelle régionale. La première ne s’est pas vérifiée puisqu’à cette heure nous recensons 69 étudiants à l’isolement et 11 personnels, sur respectivement 43 000 et 2 500. La seconde hypothèse, elle, s’est bien réalisée. Dans le souci de protéger au mieux la communauté et pour anticiper au maximum en fonction des informations dont je disposais, j’ai décidé de basculer tous les enseignements de l’université en alternance dès le vendredi 5 octobre, soit 48 h avant l’annonce gouvernementale, nous permettant de bénéficier ainsi de trois jours (dont le week-end, hélas) plutôt que d’une demi-journée pour nous réorganiser.

Ce passage à l’alternance (ou jauge à 50 %) avait été, de surcroît, doublement anticipé : d’une part, par certaines UFR qui avaient déjà fait ce choix ; d’autre part, par le dispositif « Amphis virtuels » dont l’installation avait été programmée avant l’été. Aujourd’hui 23 amphithéâtres sur 25 sont équipés et les deux restants en Sorbonne le seront dès que possible. Étant mutualisés avec d’autres établissements, ils sont soumis à une coordination complexe. Le dispositif demande bien sûr à être amélioré et toutes les critiques, positives comme négatives, ont été entendues et prises en compte. D’ici quelques jours, la DSIUN aura achevé et déploiera la première phase de ses développements complémentaires qui permettra le recueil explicite des consentements et le découpage des captations réalisées en cohérence avec le planning des enseignements. Une nouvelle phase est déjà en cours et aboutira, avec la collaboration active des composantes, au dépôt des captations sur les seuls EPI concernés. Je tiens à cette occasion à saluer une fois de plus le travail formidable des équipes de la DSIUN à pied d’œuvre depuis le début de la crise sanitaire en mars dernier. Je n’oublie pas non plus les composantes de formation, dont la collaboration est également primordiale. C’est pour fluidifier encore le partage de compétences que nous sommes en train de mettre en place un référent numérique dans chaque composante qui le souhaite qui pourrait mieux aider tous les enseignants qui en éprouveraient la nécessité. C’est le chargé de mission « Pédagogie numérique » Jérôme Valluy qui est à l’initiative et à la manœuvre pour faire advenir ce beau projet, en plus de son travail sur l’amélioration de la pédagogie numérique, qui est favorablement accueilli par la très grande majorité des UFR.

Un nouveau dispositif d’aide à la connexion pour les étudiants ne bénéficiant pas d’un équipement informatique suffisant sera également lancé dans les tout prochains jours. Il s’inscrira dans la suite du dispositif mis en œuvre durant le confinement qui a déjà bénéficié à plus de 1 000 étudiants et complétera les autres dispositifs existants à l’échelle locale (ville de Paris et région Ile-de-France). Il prendra la forme d’un prêt d’ordinateur à chaque étudiant éligible qui en fera la demande.

Plus largement, en dépit de sa singularité, cette rentrée a vu le maintien de la vocation de d’accueil de l’université, avec la décision de réserver un traitement favorable sur le plan administratif aux étudiants en provenance du Liban particulièrement frappés par le drame du 4 août dernier.

Avancement des chantiers lancés

En cette rentrée, était aussi projetée la mise en place des délégués de promotion au sein de chaque formation. Voulus comme de véritables relais entre d’une part les étudiants et d’autre part l’équipe enseignante et la gouvernance de l’établissement, ces délégués sont, et j’en suis persuadé, d’autant plus essentiels dans cette période délicate et compte tenu du passage à un enseignement en alternance. Le processus de désignation au sein de chaque promotion est à l’œuvre et ils seront installés dans les jours qui viennent pour ceux qui ne le sont pas déjà. Acceptés y compris par les organisations étudiantes représentatives et en coordination avec elles, les délégués de promotion constituent à l’évidence un atout supplémentaire dans la circulation de l’information. C’est la raison pour laquelle il est difficile de comprendre que certains s’y soient opposés, à moins que ce soit pour des causes extérieures qui n’ont rien à voir avec le sujet. De manière générale, il est toujours étonnant de vouloir empêcher la mise en place d’un dialogue facilité, surtout dans une communauté aussi diverse que la nôtre.

J’avais également dit dans le message envoyé lors de ma prise de fonction, le mandat confié par le recteur, chancelier des universités, recouvre l’identification et la résolution de certains des dysfonctionnements structurels de l’établissement. C’est en ce sens qu’a été achevée la réorganisation de la direction des études et de la vie étudiante entamée avant ma prise de fonction : le nouvel organigramme de la direction a été présenté en comité technique le 24 septembre et est depuis lors pleinement entré en vigueur. Contrairement aux rumeurs qui circulent, sur les 40 personnels concernés, trois seulement étaient défavorables. Il leur a été proposé à chacun des solutions. A ce jour, il ne reste qu’un cas en suspens, je m’y impliquerai personnellement autant que nécessaire dès que cette personne sera disponible, ce qui n’est pas le cas depuis plusieurs mois.

Ce jeudi, sera proposée au conseil d’administration, la modification des statuts de l’École de droit de la Sorbonne (EDS) pour inclure au sein d’un nouvel institut les missions actuelles assurées au CAVEJ, en accord avec ce dernier et conformément à une délibération ancienne de l’UFR. Cette réorganisation vise à répondre entre autres aux observations formulées par la cour des comptes dans son rapport de mars 2019. Cette première étape stratégique et statutaire entraînera par la suite et de fait une nouvelle organisation administrative de l’EDS qui sera présentée au comité technique avant la fin de l’année. Un nouvel institut d’études à distance, intégrant les missions du CAVEJ sera créé, ce qui emportera une fluidité et de nouvelles synergies particulièrement utiles au moment où le distanciel prend de plus en plus d’importance. Son statut et son autonomie seront analogues à ceux de l’IEJ, autre composante interne de l’EDS. Ont été préalablement consultés et s’y sont déclarés favorables, outre le directeur de l’EDS, le directeur du CAVEJ, sa responsable administrative et sa responsable administrative adjointe que j’ai reçus individuellement tous les trois, ainsi que les présidents des cinq universités partenaires, que j’ai tous contactés et qui sont d’accord pour résilier la convention interuniversitaire à l’origine du CAVEJ. Voilà un dossier qui emporte l’adhésion de toutes les parties prenantes et qui ne devrait donc pas présenter de difficulté.

Je profite de cette occasion pour remercier publiquement le professeur François-Guy Trébulle, qui quittera la direction de l’EDS le 6 novembre prochain, après avoir déjà prolongé son mandat, pour son investissement sans faille à la tête de l’EDS durant toutes ces années et plus largement au service de notre communauté. Avoir eu à la tête de cette UFR une telle personnalité est une grande chance et même un privilège.

Au sujet de l’EDS, chacun sait que c’est en son sein qu’ont été tenus en plein cours les propos inqualifiables d’un collègue, lesquels ont à juste titre créé une émotion dans la communauté. J’ai immédiatement et fermement condamné ces propos de telle manière que l’université ne puisse y être associée ni de près ni de loin. Et ceux qui me connaissent peuvent imaginer ce que, à titre personnel, je peux penser de tels propos. Mais plutôt que de céder aux injonctions immédiates des habituels coupeurs de têtes, ignorants de la procédure et s’appuyant sur des analyses juridiques fantaisistes, j’ai préféré saisir la référente « Egalité / Harcèlement / Non-discrimination » de notre université, plus que jamais compétente dans une affaire comme celle-ci, afin de prendre, à froid et dûment renseigné, la bonne décision.

Prochaines étapes

Le mois d’octobre sera largement occupé par le processus d’élaboration budgétaire et le lancement de la campagne d’emplois. Ceux-ci seront guidés par un principe simple et évident : l’allocation des moyens en fonction des besoins, au service de nos missions. La campagne d’emplois prendra ainsi en compte les taux d’encadrement par composante qui révèlent des disparités importantes. Ces travaux seront abordés dans les instances de l’université qui seront réunies dans les jours à venir et se déploieront dans le cadre des dialogues de gestion organisés d’ici la fin du mois.

De même, la cellule « Montage de projets » que j’avais annoncée le 2 septembre, a été constituée afin que notre université ne soit plus jamais absente des grands appels d’offres qui permettent de gagner en financements et, plus encore, en visibilité et attractivité. Réunie le mercredi 7 octobre, cette cellule a commencé à explorer les premières pistes, à la fois d’organisation interne de la structure et de renforcement externe de l’établissement. Nous bénéficierons pour cela de l’appui du ministère qui va dépêcher à partir de cette semaine une personne spécialisée sur ces questions complexes.

Un mot aussi de la convention « Sorbonne Alliance » avec l’université Sorbonne Nouvelle Paris 3 et l’ESCP Europe, qui a été signée le 21 septembre dernier dans mon bureau et qui sera présentée au CNESER de demain mardi.

De même, la Fondation Panthéon-Sorbonne sera relancée dès la semaine prochaine avec une nouvelle gouvernance et de nouveaux projets prometteurs.

Parallèlement, le dialogue social se poursuit et devrait aboutir prochainement à des décisions et des propositions de mécanismes de valorisation des personnels, qui m’apparaissent essentiels, ou de clarification de certains fonctionnements. Celles-ci seront naturellement présentées aux instances compétentes pour être mises en œuvre avant la fin de l’année et de mon mandat, qui s’achèvera avec les élections.

À propos de celles-ci, leur organisation mobilise intensément l’équipe de direction. La mise en place d’un processus électoral intègre et transparent est une des missions que m’a confiées le recteur. Le comité électoral a été reconstitué et réuni le 5 octobre. La mise en place d’élections par voie électronique est aussi inévitable que moderne, mais je ferai tout pour qu’elles se déroulent sans failles, soient sincères et irréprochables, et je ne me laisserai pas entraîner là où certains voudraient me catégoriser. La nouvelle présidence de l’université sera élue le 17 décembre prochain, selon le calendrier établi. Les arrêtés d’organisation des scrutins seront publiés dans les prochains jours et diffusés largement.

Les résultats seront proclamés dans l’escalier d’honneur du Centre Panthéon, là-même où sera prochainement installée une magnifique œuvre éphémère de notre collègue et artiste Yann Toma, dans un espace repensé et aujourd’hui utilisé comme débarras, alors qu’il est central et prestigieux. Notre université est pluridisciplinaire et je suis content de pouvoir ainsi offrir à nos créateurs des lieux où leurs œuvres peuvent s’épanouir, même provisoirement.

Telle est, aussi, une des missions de l’université en général et de la nôtre en particulier.

Puissions-nous être nombreux ce 17 décembre pour saluer en même temps l’œuvre artistique et la nouvelle équipe présidentielle.