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Évènement

Rencontre avec Frédéric Sojcher, un enseignant cinéaste

Avec Le cours de la vie qui sort en salle le 10 mai prochain, Frédéric Sojcher signe son cinquième long-métrage. Dans ce nouveau film, le professeur de cinéma et responsable du master professionnel Scénario, réalisation et production de l’université, offre une leçon de scénario magistrale à travers la masterclass donnée par le personnage d’Agnès Jaoui à des étudiants en cinéma. Cette mise en abyme est à la fois une ode à la transmission et une célébration des histoires, celle du cinéma et celle de la vie.   

Frédéric SojcherDans Le cours de la vie, le personnage d’Agnès Jaoui partage avec les étudiants les secrets et la genèse d’un scenario. Et, vous comment vous est venue l’idée de ce film ? 

Frédéric Sojcher : Quand j'étais étudiant (il y a 35 ans), je suivais les cours de Jean-Paul Török, au centre Michelet (UFR 03). Jean-Paul Török était l'un des premiers maîtres de conférences à enseigner le scénario à l'université. Quand il est mort il y a cinq ans, je me suis rendu à son enterrement et j'y ai retrouvé un camarade de promotion : Alain Layrac. Je lui ai demandé ce qu'il devenait et il m'a parlé d'un texte qu'il venait d'écrire sur son métier de scénariste. Il me l'a fait lire et j'ai à ce point apprécié sa démarche  – consistant à établir des parallèles entre l'écriture et des expériences de vie – que je lui ai proposé de publier son essai dans une collection de livres sur le cinéma que je dirige aux Éditions Hémisphères. Par la suite, j'ai eu l'idée d'adapter ce livre à l'écran. Quand je lui en ai parlé, Alain Layrac a pensé que j'étais devenu fou. Il lui semblait impossible de faire un film de fiction à partir de cours sur le scénario. Je l'ai convaincu, en arguant que nous pourrions ajouter à ces cours des personnages (enseignants et étudiants) qui mettraient en pratique, dans leurs vies, ses "leçons de scénario". Le film raconte aussi une histoire d'amour.  

Le temps de quelques mois, vous avez cumulé à nouveau le métier de cinéaste et celui d’enseignant, qu’est-ce-que cela a changé dans votre quotidien ? 

Frédéric Sojcher : Quand j'étais étudiant à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il y avait un cinéaste qui donnait cours, Éric Rohmer. Il s'arrangeait pour tourner pendant l'été, afin que son activité d'enseignant et de réalisateur ne se télescopent pas. J'ai procédé de même pour Le cours de la vie. Il me semble important, pour les étudiants, qu'aux côtés des enseignants qui donnent des cours d'esthétique, d'histoire, d'économie du cinéma... il y ait des enseignants titulaires qui participent à des tournages et à des productions, pour conjuguer une "pensée" et une "pratique" du cinéma.  

Agnès Jaoui, Jonathan Zaccaï et Géraldine Nakache incarnent les personnages principaux de votre film, comment s’est opéré le casting ? 

Frédéric Sojcher : Agnès Jaoui étant, en plus d'être actrice, elle-même scénariste (plusieurs fois récompensée par des César du meilleur scénario), il me semblait évident qu'elle puisse incarner ce personnage. Jonathan Zaccaï est connu, entres autres, pour son rôle dans la série Le Bureau des légendes.  Nous nous connaissons depuis l'enfance. Nos parents étaient amis. C'était formidable pour moi de le retrouver sur un plateau de tournage. Quant à Géraldine Nakache, c'est une idée de la productrice. Elle savait que Géraldine rêvait depuis toujours de donner la réplique à Agnès Jaoui... En plus de ces trois acteurs, il y a aussi de jeunes comédiens, qui interprètent les étudiants. Les acteurs portent l'émotion. La musique est aussi pour moi un élément capital. J'ai eu la chance, pour Le cours de la vie, de travailler avec le compositeur Vladimir Cosma.  

Quels souvenirs gardez-vous du tournage ? 

Frédéric Sojcher : Le cours de la vie est mon cinquième long métrage. C'est, de tous les films que j'ai réalisés, celui dont le tournage fut le plus heureux. Les acteurs, mais aussi l'équipe technique croyaient et continuent plus que jamais à croire au film. Il n'y a rien de plus beau que cette aventure collective qu'est le tournage et la production d'un film, quand cela se passe bien. Ce n'est pas toujours le cas. Je pense que le bonheur qui régnait sur le tournage se voit à l'écran. 

Ce film est une ode à la transmission, comment envisagez-vous cet aspect de votre métier d’enseignant ? 

Frédéric Sojcher : Dans le master que je coordonne à l'École des arts de la Sorbonne (UFR 04), je tente de transmettre aux étudiants les liens entre les enjeux de production et les enjeux de mise en scène. Nous avons réussi, avec Gaëlle Bayssière, qui est productrice, à créer des partenariats pour permettre aux étudiants d'obtenir des financements pour leurs films et qu'ils soient ensuite diffusés. Ils travaillent actuellement sur des courts métrages qui seront programmés sur TV5 Monde. Je pense important le passage de flambeaux entre générations. Rien ne me rend plus heureux que d'apprendre que d'anciens étudiants du master réalisent ou produisent leurs films après leurs études à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ainsi, Simon Rieth a réalisé son premier long métrage, sélectionné à la Semaine de la critique à Cannes l'an dernier, qui sort en salle ce 3 mai. Sonia Ben Slama vient elle aussi de terminer son premier long métrage, sélectionné par l'ACID, une autre section du Festival de Cannes, cette année. 

Vous partagez votre temps entre vos missions d’enseignant-chercheur et celles de réalisateur, comment vous organisez-vous ? Ces différentes expériences se nourrissent-elles entre elles ? 

Frédéric Sojcher : J'ai écrit une demi-douzaine de livres sur le cinéma et coordonné une vingtaine d'ouvrages posant des problématiques de création filmique. Je suis très attaché à cette démarche universitaire. Comme mes collègues d'arts plastiques, je suis sensible aux questions de création-recherche. Il me semble essentiel de pouvoir poser, dans le domaine artistique, une approche alliant théorie et pratique. C'est aussi ce qui différencie l'université publique des écoles privées : ne pas se cantonner dans une approche professionnalisante. Mais il y a aussi un autre risque : celui d'une approche uniquement théorique déconnectée des enjeux du secteur. Il me semble que c'est notre devoir d'enseignant de prendre en compte l'avenir de nos étudiants 

Le synopsis du film 

Noémie retrouve Vincent, son amour de jeunesse, dans l’école de cinéma dont il est désormais directeur. À travers une masterclass hors norme, elle va apprendre à Vincent et ses élèves que l’art d’écrire un scénario c’est l’art de vivre passionnément. 

Gagnez vos places pour Le cours de la vie ! 

Rendez-vous sur les comptes Facebook et Instagram de l’université pour tenter de gagner votre place à l’avant-première du film Le cours de la vie qui se tiendra le 8 mai prochain !