Formation

Le parcours préparatoire au professorat des écoles, une formation complète pour apprendre à apprendre

Le parcours préparatoire au professorat des écoles (PPPE) spécialité arts plastiques permet aux étudiants d’obtenir une licence en arts plastiques de l’École des arts de la Sorbonne tout en suivant une formation diplômante afin de passer le concours du professorat des écoles. Lancé en septembre 2021 à l’université, ce parcours se fait en partenariat avec le lycée Claude-Bernard, situé dans le 16e arrondissement de Paris. Célia Kervendal, Marie-Eve Lemer, Dorine Regnier ainsi que Mathieu Baty sont étudiants au sein de cette première promotion. Ils nous livrent leurs impressions sur l’année écoulée.

Le parcours préparatoire au professorat des écoles spécialité arts plastiques permet aux étudiants d’obtenir une licence en arts plastiques avec l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, tout en proposant en parallèle un cursus suivi dans un lycée avec des matières généralistes pour préparer le concours de professeur des écoles. Deux sites se partagent donc l’accueil de cette première promotion : l’École des arts de la Sorbonne (centre Saint-Charles) et le lycée Claude-Bernard, situé à Paris. 

Au lycée, on a des délégués, des conseils de classe, Pronote… On suit les cours avec des professeurs de lycée. À l’université, on prépare la licence en arts plastiques. En première année, nous avons davantage de cours au lycée et peu à la fac avec une proportion de 75 % au lycée et 25 % à l’université. Notre emploi du temps est fixe au lycée et se compose de toutes les matières que l’on peut retrouver au collège : musique, sport, physique-chimie, mathématiques, français, histoire… À la fac, notre emploi du temps change tous les semestres. En deuxième année, on passe à une proportion 50-50, et en troisième 75 % du temps en fac et 25 % au lycée”, explique Marie-Ève.

Devenir professeur : une vocation pour les étudiants

Pour les étudiants du parcours PPE, l’orientation vers le métier de professeur des écoles est motivée par plusieurs facteurs. Pour Marie-Eve, il y a une volonté de transmettre et de permettre à tous de réussir : “J’ai eu des professeurs en primaire qui m’ont soutenu malgré mes difficultés scolaires. Et j’ai toujours voulu faire ce métier en me disant que moi aussi je veux aider des élèves qui ont des difficultés. Je souhaite transmettre ce qu’on m’a appris et offert.”

Dorine loue quant à elle le “contact particulier” avec les enfants là où Mathieu veut se sentir utile en voyant ses élèves évoluer : “Ce serait gratifiant de revoir un élève dix ans après, de voir ce qu’il est devenu et surtout de constater qu’il a réussi." 

Le choix d’une formation complète, culturelle et professionnalisante  

Avec un effectif de 25 étudiants, ce parcours offre la maîtrise des bases de l’ensemble des matières générales afin que les étudiants puissent accéder au master MEEF qui les conduira au concours avec toutes les connaissances et compétences nécessaires. “En faisant une licence "générale", on n'est préparé que dans un domaine. Or, un professeur des écoles doit savoir tout enseigner”, souligne Mathieu. 

Il permet aussi à des étudiants provenant de cursus variés, littéraire ou scientifique en passant par l’économie ou la technologie, de combler leurs lacunes et de renforcer leurs connaissances. “Il faut être préparé à suivre toutes les matières. Je ne m’attendais par exemple pas à suivre autant de cours de maths, je n’en avais pas refait depuis la seconde. Et c’est ce qui est bien avec la formation, cela permet d’avoir les bases de toutes les matières et bien se préparer au concours de professeur des écoles”, explique Célia.

Ce parcours est également en lien direct avec le monde professionnel. Il propose chaque année des stages dans des écoles primaires ou maternelles aux étudiants. En première année, ce sont trois semaines de stage qui sont proposées, réparties sur plusieurs périodes de l’année.

“Cette année, on a trois semaines de stage d’observation. En deuxième année et en troisième année, on aura des périodes d’observation et de pratique dans les classes. Idéalement, les stages de l’année se font dans une même classe pour voir l’évolution des élèves au fil des mois”, précise Marie-Eve.  Pour Dorine, ce premier stage a aussi été l’occasion de découvrir “un nouveau point de vue”, dans la peau d’une professeure. Une première expérience qui l’a confortée dans son choix de carrière. 

La formation offre également la possibilité à ses étudiants de stimuler leur culture artistique comme le raconte Célia : “On nous propose de nombreuses activités culturelles. Tout n’est pas obligatoire car c’est parfois hors temps scolaire. C’est ouvert au théâtre, au cinéma, à l’architecture… On est par exemple allés voir récemment la maison de Le Corbusier.”

Marie-Ève résume l’état d’esprit qui sera la clé de la réussite pour les étudiants du parcours : “Pour réussir ici, il ne faut pas forcément être bon en dessin, il faut simplement être créatif et ouvrir son esprit.”

Un parcours fort d’une grande cohésion et d’un accompagnement ponctuel

L’autre avantage d’être une promotion avec un effectif réduit, c’est aussi de bénéficier d’une proximité avec ses camarades et le corps enseignant. Selon Célia : “L’esprit lycée est vraiment là, on est toujours soutenus et accompagnés et il y a une possibilité de créer de véritables liens dans la classe.”

“Cette formation, je l’ai privilégiée à d’autres licences car elle propose des stages réguliers mais aussi car nous sommes un effectif de 25, il y a donc un vrai esprit de promo”, ajoute Mathieu. Pour Marie-Ève, il était au début difficile de se remettre dans la peau d’une lycéenne avec de nouveau des matières générales. Pour elle, l’approche des professeurs “de leur apprendre à apprendre” est essentielle.

Céline Hervé est intervenante au sein du parcours PPE option arts plastiques et professeure agrégée à l’École des arts de la Sorbonne. Elle présente la formation et ses atouts en termes de pédagogie.

L’accès à la formation se fait via Parcoursup, quelle est la capacité maximale de cette double formation ? 

La sélection se fait effectivement via Parcoursup avec un examen du dossier scolaire accompagné d’une lettre de motivation. La capacité d’accueil est de 25 étudiants.

Y-a-t’il un profil type qui est privilégié lors de la phase admission ?

Nous n’avons pas établi de profil type. Ce qui compte pour nous, c’est de voir la motivation des étudiants par le biais de leur lettre de motivation qui permet de saisir quel est le projet professionnel des candidats.

Ce diplôme est nouveau au sein de l’université, comment a émergé ce besoin ?

Pour être professeur des écoles, il faut passer et obtenir un concours national appelé le CRPE, (concours de recrutement de professeurs des écoles) en le préparant lors d’un master MEEF. Pour y accéder il faut être détenteur d’une licence peu importe la discipline. Cependant il faut être aussi compétent dans toutes les disciplines enseignées en primaire. Le concours est généraliste. La licence PPPE s’inscrit donc dans cette logique, à la fois généraliste et comportant une spécialité disciplinaire qui sera le futur « point fort » du professeur. Ainsi les étudiants ont la possibilité de se mettre à niveau, conforter leur acquis et les développer dans un lycée tout en travaillant à l’obtention d’une licence, nécessaire pour passer leur concours. Il y a ici le moyen de combiner les deux. Nous sommes actuellement la seule université de France disposant d’un parcours PPE en arts plastiques. 

Comment sont accompagnés les étudiants ?

Pour la première année en PPPE, il y a 25 % d'enseignements à l’université. Les cours sont donc moins diversifiés que pour les autres étudiants de L1 arts plastiques mais, au cours des deux années suivantes, les enseignements s’étoffent et le cursus est complet. Ce n’est pas un programme allégé. L’approche est différente, cohérente sur les trois ans et avec le projet d’études. Nous avons aussi eu soin de composer deux types d’enseignement. Pour une part il leur est « spécifique » et concerne leur parcours, et pour une autre part les étudiants se répartissent dans les groupes de la formation arts plastiques ce qui leur permet de s’associer pleinement à la vie de l’EAS.

Quels sont les atouts de cette formation ?

Elle est très complète et permet aux étudiants, quel que soit le bac qu’ils ont obtenu, d’acquérir des connaissances dans toutes les disciplines et c’est très bien d’y associer une licence d’arts plastiques. En effet, les activités motrices et créatives sont très importantes en maternelle et en primaire. Surtout, les arts plastiques constituent une discipline récente basée sur des modèles d'évaluation spécifiques qui peuvent servir l’enseignement en général. Les productions réalisées au sein d’un même groupe sont, par nature, variées et nous valorisons cette singularité.

Si vous deviez dresser un premier bilan de cette nouvelle formation, quel serait-il ?

Nous avons un groupe très hétérogène avec des étudiants issus de bacs généraux très performants dans les disciplines classiques et d’autres issus de bac technologiques ou professionnels qui ont bénéficié d’un enseignement plus spécialisé. Cependant tous ont progressé et s’approprient avec enthousiasme la formation disciplinaire. Le fait d’être réunis au sein d’un même groupe crée entre eux une réelle cohésion et leur permet d’être à l’aise à l’université. Enfin grâce à leurs stages, les étudiants de PPPE se font une idée précise du métier de professeur des écoles et semblent confiants pour l’avenir.