Pascal Levy
Regard sur

DEMOSERIES fait sa rentrée

Pour la séance inaugurale de sa troisième année, le 11 octobre 2022, DEMOSERIES braquera les projecteurs sur les espions dans la culture populaire, en présence de deux grandes spécialistes du monde réel de l’espionnage : Jonna Hiestand Mendez et Anna Slafer. Pauline Blistène, postdoctorante à l'université et auteure de nombreux travaux sur le rapport entre renseignement et création fictionnelle, nous en dit plus sur cette rencontre et sur l’actualité de DEMOSERIES.

Pour cette rencontre, les espions dans la culture populaire sont mis à l’honneur. Pourquoi ce choix et en quoi est-ce un objet d’étude au sein du projet DEMOSERIES ?

Pauline Blistène : Le cœur du projet DEMOSERIES réside dans la compréhension de l’impact des séries télévisées sur le réel et de leurs interactions. L’espionnage est un exemple très parlant puisqu’il constitue la dimension secrète et donc a priori invisible de la vie politique et des sociétés. Mais il est aussi au cœur d’une production sérielle et fictionnelle très riche depuis le début du XXe siècle. Avec ce thème, ce qui nous intéresse c’est la rencontre entre l’extrême visibilité de la culture populaire (séries, romans, films, BD…) d’un côté et, de l’autre, l’idée de l’occulte qui est au cœur de l’espionnage. La culture populaire est le point d’entrée privilégié pour accéder au monde secret des espions puisque c’est un monde qui se dévoile, avant tout, par la fiction. Cette rencontre nous permettra ainsi de reposer la question centrale de DEMOSERIES : à quoi sert la fiction – et en particulier les séries télévisées - dans la structuration des représentations collectives ?

Les deux invitées sont des spécialistes de l’espionnage, non pas dans la fiction, mais dans le monde réel, quel regard apporteront-elles ?

Pauline Blistène : Jonna Hiestand Mendez est une sommité dans le monde de l’espionnage réel. Elle est également connue et célébrée dans le domaine de la fiction. Jonna a été responsable du département de la CIA chargé de fabriquer les gadgets et déguisements pour les espions en mission à l’étranger. Son mari, Tony Mendez, faisait le même métier. Il est aussi la personne qui a imaginé la célèbre opération Argo : en créant une fausse société de production et une fausse équipe de tournage, il a réussi à exfiltrer six otages américains de l’Iran post-révolution. Jonna Mendez est aujourd’hui la mémoire vivante de son mari et nous apportera son regard sur la véracité des séries qui rythment notre vie, tout en exposant son point de vue d’ancienne de la CIA. Elle nous apportera aussi son éclairage sur les liens inédits noués par la CIA avec Hollywood : des chefs décorateurs ou des maquilleurs ont contribué au montage de certaines opérations.

Anna Slafer est vice-présidente des expositions, des collections et des projets spéciaux au musée international de l'espionnage (SPY) à Washington. C’est un lieu extraordinaire où le monde de l’espionnage est célébré et analysé à travers de véritables artefacts qui sont exposés. Anna Slafer nous parlera ainsi de ce travail de vulgarisation et d’explicitation de l’histoire de l’espionnage et du recours à la culture populaire pour rendre les propos plus accessibles et compréhensibles.

Quels seront les temps forts pour DEMOSERIES ces prochains mois ?

Pauline Blistène : En parallèle de cette séance d’ouverture de notre séminaire de recherche, DEMOSERIES inaugurera, le jeudi 13 octobre 2022, son partenariat avec le centre Pompidou avec le lancement d’un séminaire collectif intitulé « Esthétique(s) du secret ». Il s’agira de mettre en regard le monde de l’art et le monde de l’espionnage en questionnant les frontières entre les pratiques artistiques et l’espionnage. Plusieurs thématiques seront discutées tout au long de l’année en présence de personnalités du monde l’art et du monde de l’espionnage : l’art de la dissimulation, les dispositifs et technologies de surveillance, les codes et la cryptographie, les formes du complot ou encore l’architecture du secret…

Dans l’immédiat, nous co-organisons un séminaire à l’université Hébraïque de Jérusalem début novembre sur l’impact des séries israéliennes et nous tiendrons en Sorbonne un colloque international les 21 et 22 novembre sur la thématique suivante : « Qu’est-ce qu’une bonne série ? », une réflexion sur les différents critères qui déterminent la qualité d’une série mais aussi de s’interroger sur la façon dont la critique façonne les goûts… En bref, l’actualité de DEMOSERIES sera encore très riche cette année. Nous poursuivons nos efforts pour créer des partenariats inédits et continuer à faire monter en puissance ce programme.

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► Plus d’informations sur la séance inaugurale du séminaire "Fictions, espions et culture populaire"