M. Alexandre Francq

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Que le cancer soit complexe est aujourd’hui un truisme. Que les sciences mobilisent une pluralité de modèles et de théories en est un autre. Et que cette pluralité, lorsqu'elle est intégrée, puisse être bénéfique, en est un troisième. Pourtant, les relations entre complexité, pluralité et intégration sont loin d’être évidentes.

Mon travail s’inscrit dans ce triangle conceptuel. Depuis la fin du XXᵉ siècle, les épistémologies pluralistes ont connu un succès considérable, porté par deux idées fortes. D’une part, la complexité des phénomènes — qu’il s’agisse du cancer, du climat ou du comportement humain — justifierait le recours à plusieurs approches théoriques. D’autre part, ces approches devraient pouvoir s’articuler entre elles, selon un idéal d’« intégration ». Autrement dit, chaque modèle apporterait une pièce d'un grand puzzle — dont on connaît rarement ce qu'il représente, ni de combien de pièces il est constitué.

Mais ces deux idées soulèvent des difficultés. Premièrement, l'appel à la complexité justifie-t-il vraiment ce pluralisme ? Après tout, certains objets très complexes peuvent être décrits de manière unifiée par des modèles simples ; et certains objets en apparence simples se révèlent complexes à des échelles microscopiques. Deuxièmement, que signifie vraiment « intégrer » des perspectives scientifiques ? Quelles sont les conditions de possibilité de l'intégration de nos connaissances, et en quoi se différencie t-elle d'autres concept, comme celui de juxtaposition, ou encore d'unification, si important chez les empiristes logiques. Faut-il que nos approches soient nécessairement compatibles, ou peut-on admettre, au moins temporairement, un certain degré de conflit entre des approches en tension ?

En explorant ces questions dans le cadre de la cancérologie, j’interroge les conditions et les limites du projet d'une science pluraliste et intégrative. Ces réflexions ont aussi une portée plus large : elles invitent à repenser la manière dont la science communique avec la société. Si la science n’est pas toujours affaire de consensus et de vérités définitives — sous la forme du proverbial "on sait que" — comment penser l'objectivité scientifique, la confiance et le dialogue entre chercheurs, médecins et patients dans une science pluraliste ?

Sujet de thèse

Directeur de Thèse

Enseignements

Epistémologie et philosophie des sciences "Unité et dynamique des sciences" - licence 2

Méthodologie - licence 1