conférence sur le travail de mémoire avec Nicolas Warembourg, directeur du Département des licences de l’École de droit de la Sorbonne, André Panczer, président du Conseil national pour la mémoire des enfants juifs déportés et Madame Ginette Kolinka, rescapée du camp de concentration d’Auschwitz.
Évènement

Dans la mémoire de Ginette Kolinka

Rescapée du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, Ginette Kolinka est intervenue dans le cadre d’une conférence organisée par l’association Méridio, en partenariat avec les universités Paris-Cité et Paris 1 Panthéon-Sorbonne, sur le devoir de mémoire auprès des jeunes.

Nicolas Warembourg, directeur du Département des licences de l’École de droit de la Sorbonne de l'université (EDS), et André Panczer, président du Conseil national pour la mémoire des enfants juifs déportés et témoin de la Seconde Guerre mondiale ayant fui la déportation, étaient présents pour introduire cette conférence.

Entretenir la mémoire : un devoir pour la liberté

Nicolas Warembourg a introduit cette conférence en mettant en exergue l’importance de la libération de la parole des survivants et la nécessité de sensibiliser les citoyens à l’entretien des mémoires de l’Histoire. « On se construit par la médiation, par la transmission de l’expérience des autres et je crois qu’il est très important de faire comprendre aux plus jeunes qu’ils se construiront avec cette confrontation à la réalité ; c’est de cette façon que je conçois le devoir de mémoire. » 

À ce discours s’est ajouté le témoignage d’André Panczer qui a raconté son enfance en tant que juif pendant la déportation en insistant à son tour sur l’importance de se rappeler : « Le devoir de mémoire n’est pas seulement par compassion pour nos frères, nos sœurs ou nos camarades, c’est surtout pour mettre en garde les jeunes générations contre l’antisémitisme, le racisme, la discrimination. Pour leurs montrer quels sont les dangers de ces oublis. Les survivants ont travaillé à cela en apportant leurs témoignages et en racontant leurs histoires mais il est aujourd’hui essentiel que les institutions prennent le relais. » En attendant, les témoins qui restent poursuivent leurs actions de sensibilisation auprès des plus jeunes et au cœur des institutions, comme en ce 15 novembre à l’université. 

Un témoignage poignant et éclairé

Âgée de 98 ans, Ginette Kolinka a été déportée au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau à l’âge de 19 ans et n’en ressort qu’un an et demi plus tard, à la Libération. Après avoir longtemps mis sous silence cette période de sa vie, c’est en 2000 qu’elle devient passeuse de la mémoire de la Shoah en sillonnant la France pour raconter son vécu auprès des jeunes, dans les établissements scolaires.  

« On me prend pour une héroïne mais non, pas du tout. J’étais juive, tout simplement », a-t-elle lancé aux nombreux étudiants présents dans le grand amphithéâtre de l’École de médecine avant de se lancer dans le récit intense de cette étape de sa vie. Pendant deux heures, Ginette Kolinka a partagé son témoignage face à un public attentif, incarnant ainsi “son” devoir de mémoire pour faire perdurer l’Histoire et poursuivre la transmission d’un passé qui appartient à la France, à chacune et chacun de ses citoyens.