Soutenance de thèses
Soutenance de la thèse de Mme Yasmina AZIKI le 15 novembre 2019
Soutenance de thèse de doctorat de Yasmina Aziki
(Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
15 novembre 2019 - 9h00
salle Jean-Baptiste Duroselle (Centre Sorbonne)
L’expertise multilatérale pour le développement de la région MENA
Pratiques de coopération, crises régionales et défis nationaux, 1964-1981
Sous la direction de Mme Laurence Badel, professeur d’histoire contemporaine, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Les membres du jury sont:
Mme Elena Calandri, professeur d’histoire des relations internationales, Université de Padoue
M. Matthias Schulz, professeur d’histoire des relations internationales, Université de Genève (rapporteur)
M. Rolf Schwarz, expert, conseiller principal au sein de la division MENA de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) à Paris
M. Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine, Université Paris 1-Panthéon Sorbonne
M. Laurent Warlouzet, professeur d’histoire contemporaine, Sorbonne-Université (rapporteur)
Résumé:
L’objectif de cette thèse est de contribuer à l’histoire de la coopération pour le développement dans la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient - Middle East-North Africa ou MENA - en croisant une histoire de l’aide au développement, une histoire des organisations internationales et une histoire de l’expertise technique et en privilégiant, à la fois, une approche sociologique et une approche des transferts. Cette thèse s’attache donc à présenter les trajectoires suivies par tous les acteurs de l’aide au développement et leurs missions, à partir d’archives d’institutions internationales et diplomatiques inédites. L’assistance apportée par les organisations internationales relève d’un appui technique et d’une aide au financement des projets de développement des États. En portant la focale sur les pays récipiendaires de cette assistance et les institutions qui la prodiguent, cette thèse met en avant leurs intérêts profonds, convergents ou contradictoires. D’une part, des agences comme le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) et la Banque mondiale, ont tenté de gagner une légitimité internationale. D’autre part, les pays de la région MENA se sont servis de cette assistance pour la conduite d’ambitieux, et parfois coûteux, projets de développement. Par ailleurs, malgré la polarisation du monde avec la guerre froide, les États de la région MENA se sont joints au concert de revendications du « Sud » qui prônent le non-alignement et le rééquilibrage des échanges avec le Nord. L’ONU a été la plateforme de ces revendications avec, en 1964, la première CNUCED. Dans la région MENA, la Ligue arabe et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) participent de cet « éveil du Sud » (Samir Amin). La crise pétrolière de 1973 conduit ces deux institutions vers un dialogue avec la CEE, la CNUCED et l’OCDE pour le financement de l’aide au développement, dans une coopération triangulaire originale. Dans cette lignée, le Fonds koweitien pour le développement offre un exemple éclatant de poursuite d’intérêts stratégiques pour la légitimation d’un État financé par les pétrodollars. Grâce à la Banque mondiale, le Koweït fait de l’aide au développement une arme diplomatique, dès 1961. Les cas du Maroc et de l’Égypte dévoilent les limites de l’aide face aux ambitions, parfois contradictoires du pouvoir, devant des institutions internationales spectatrices de l’enlisement économique de ces pays.